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L’oligarchie : Better dead than red ?

« Ce n’est pas le locataire du sixième qui est antifasciste, c’est le fascisme qui est anti-locataire du sixième. » Gabriele dans Une journée particulière (Ettore Scola, 1977)

Si j’évoque la célèbre réplique de Marcello Mastroianni à Sophia Loren, ce n’est pas pour évoquer la tradition homophobe des mouvements fascistes. Pourtant, c’est une tradition qui fait froid dans le dos. Himmler, par exemple, déplorait qu’on débusque chaque année dans la Waffen SS une poignée de ces « dégénérés », et avait à cœur de l’en débarasser :

« Aujourd’hui encore, il se présente tous les mois un cas d’homosexualité dans la SS. Nous avons de huit à dix cas par an. J’ai donc décidé la chose suivante : dans tous les cas, ces individus seront officiellement dégradés, exclus de la SS et traduits devant un tribunal. Après avoir purgé la peine infligée par le tribunal, ils seront internés sur mon ordre dans un camp de concentration et abattus pendant une « tentative d’évasion ». Dans chaque cas, le corps d’origine de cet individu en sera informé sur mon ordre. J’espère ainsi extirper ces gens de la SS – jusqu’au dernier. Je veux préserver le sang noble que nous recevons dans notre organisation et I’oeuvre d’assainissement racial que nous poursuivons pour l’Allemagne. » Discours d’Heinrich Himmler prononcé le 18 février 1937.

L’homophobie, quoi qu’on puisse dire, est comme toute autre forme de discrimination un des oripeaux funestes du fascisme. Être homophobe, c’est en assumer l’héritage idéologique. Nul ne peut aujourd’hui nier sans malhonnêteté que la « manif pour tous », cette manif de la honte, est une démonstration fasciste. J’emploie le terme à dessein. On ne peut plus y voir un simple rassemblement de droite conservatrice, ni même d’extrême-droite. Ce qui se joue sous nos yeux, c’est l’agglomération de courants réactionnaires qui ne se parlent pas « en temps normal ». En temps normal, c’est à dire dans les conditions « normales » de l’exploitation capitaliste, les « cols Claudine » et les nostalgiques du IIIème Reich ne se fréquentent pas, pas du même monde. La seule chose à même de les réunir, c’est l’émergence d’intérêts convergents issus d’une crise du système.

« Plutôt Hitler que le Front Populaire », « Better dead than red », ces mots d’ordre éternels de la bourgeoisie réactionnaire résument ce qu’est le socle de la pensée fasciste : l’anticommunisme et plus généralement l’opposition à toute pensée progressiste. La bourgeoisie au pouvoir se fiche pas mal de la corruption de l’État : elle en est la bénéficiaire. Ce qui l’inquiète, c’est la fragilisation du système par les contestations populaires que cette corruption engendre. Il y a donc convergence d’intérêts dans l’objectif d’étouffer la contestation. C’est le sens de la phrase de Mastroianni. Affirmer nos prétentions d’émancipation, c’est ce qui réveille les loups. On a rarement vu quiconque abandonner un pouvoir sans y avoir été préalablement forcé, et les organisations fascistes ne sont rien de plus que le rempart idéologique (voire armé) d’une bourgeoisie qui, préoccupée par l’urgence de sa propre conservation, a tombé les masques.

Le drapeau rouge sur le Reichstag, voilà leur crainte.

Le drapeau rouge sur le Reichstag, voilà leur crainte.

Quand les éditocrates nous reprochent, par notre appel à une VIème République, de « faire le jeu du Front National », il s’agit là d’une théorie qui dépasse de loin les simples comptes d’apothicaires électoraux. Ce qu’on nous reproche, en fait, c’est d’éveiller la conscience de classes. Le raisonnement est d’une perversité rare. En effet, en l’absence de conscience de classe chez les opprimés, la domination de classe est aisément organisée par les partis « classiques » de l’oligarchie. C’est l’éveil à cette conscience des classes qui provoque la guerre de classes, et dans cette lutte, la bourgeoisie se tourne vers les organisations en mesure de « verrouiller » le système, c’est à dire les organisations fascistes.

Le rôle de ces organisations est de disqualifier notre discours, et nous connaissons leurs méthodes. J’en retiens principalement deux. La première consiste à organiser un climat délétère fait de violences, soit pour nous intimider (les méthodes classiques du GUD), soit carrément pour nous en accuser (l’incendie du Reichstag). Pour cela, rien de plus simple. Il suffit de jouer sur la peur de l’autre et la transformer en haine. Les fascistes organiseront donc la stigmatisation des juifs, des roms, des homosexuels etc. afin d’ouvrir le champ à la violence.

GUD, tu es mon ennemi.

GUD, tu es mon ennemi.

La seconde méthode, plus sournoise, relève de la bataille culturelle. Quand Christine Boutin reprend le slogan du Front de Gauche : « On lâche rien ! », je ne peux m’empêcher de penser au Maréchal Pétain qualifiant la République d’Ancien Régime. Retournement sémantique utilisé aussi dans l’expression « Révolution Nationale », quand le régime de Vichy était en réalité synonyme de contre-révolution. De même, quand Frigide Barjot parle de déni de démocratie, c’est en réalité son camp qui refuse le processus démocratique. La récupération terminologique n’est pas innocente. Il s’agit de créer un amalgame, de masquer les profondes différences idéologiques entre le camp du progrès et celui de la réaction. En nous disputant jusqu’à nos propres mots, nos adversaires empêchent le développement et la diffusion de nos idées.

Voilà donc ce que nous promettent ceux qui prétendent que nous faisons le jeu de l’extrême-droite. Comme dit le proverbe, « quand on veut noyer son chien, on l’accuse de la rage », et ce discours est bel et bien celui de ceux qui sont conscients de la honte de leur compromission. Ils veulent nous faire croire que nous les poussons au fascisme par notre refus de l’aliénation de classes, mais nous savons qu’ils se jettent dans les bras de cette idéologie funeste par haine de la classe ouvrière et de sa volonté d’émancipation.

Bonus musical : Les Béruriers Noirs – Porcherie

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Ding Dong The Witch Is Dead…

Ça faisait longtemps que je souhaitais publier un article sérieux et sans mots grossiers. Alors j’en ai confié la tâche à mon copain Pierre. Il s’en tire avec brio même si quelques grossièretés persistent : Thatcher, Reagan, Le Pen… Bref, je lui cède la parole et le remercie sincèrement pour ce super boulot.

À tous les Étienne Lantier,

Il y a de ça une semaine mourait Margaret Thatcher. Un ami me demandait encore aujourd’hui ce qu’on pouvait en penser, tant les avis exprimés lors de son décès ont été divers et bien souvent diamétralement opposés. De cela, nous ne sommes pas étonnés. Nous savons depuis longtemps que la lecture du monde est question d’idéologie. Et parce que nous savons de quel côté nous sommes, nous savons quoi en penser. Et puisqu’il est l’heure des funérailles, nous savons qu’il est également temps de solder l’héritage.

De celle qui fût la première dirigeante des Tories ainsi que la première – et pour l’instant la seule – femme à occuper le poste de Premier Ministre du Royaume-Uni, beaucoup a donc été dit. Certains ont voulu en faire un symbole. Étonnamment, ceux qui mettent en avant le fait que Thatcher était une femme pour la célébrer ne sont pas forcément ceux qui portent le plus le féminisme dans leur cœur. Mais c’est après tout fort logique, de la part des laudateurs de celle qui déclara que « le féminisme est un poison », et qui passa son temps à « essentialiser » les femmes, elles à qui il faudrait confier une tâche si l’on veut être certain qu’elle soit menée à bien. Elle qui interdit également toute « publicité » de l’homosexualité

Que retenir de Margaret Thatcher donc ? Qu’elle fut l’incarnation même, comme Ronald Reagan outre-Atlantique, du virage néo-libéral qui s’est étendu sur les grandes puissances capitalistes au cours des années 80. Probablement personne n’a mieux qu’elle semblé incarner une idéologie au sein de la deuxième moitié du XXème siècle. L’incarner avec force, constance et fierté. Quand elle arrive au pouvoir en 1979, Thatcher est investie d’un mandat précis : en finir avec l’État et tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la protection sociale. Force doit rester à l’entreprise et à l’économisme : la gestion comptable prime sur tout autre aspect. Fini le conservatisme tranquille à la papa. Le Royaume-Uni doit changer, et ce, dusse-t-il se transformer en champ de ruines.

Son programme libéral, Margaret Thatcher va l’appliquer sans en démordre. Privatisations massives, coupes dans les budgets sociaux, réforme de la City accompagnant la libéralisation de l’industrie financière… Thatcher n’a cure des protestations et des syndicats. C’est même pire que cela : elle sait qu’il faut, pour accompagner la désindustrialisation massive du Royaume-Uni, détruire les organisations ouvrières héritées de dizaines d’années de luttes. Comme Ronald Reagan en 1981 avec les contrôleurs aériens, elle va donc engager une lutte à mort avec l’un des plus grands symboles de l’histoire ouvrière : les syndicats de mineurs.

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Manifestation de soutien aux mineurs

Elle va donc annoncer la fermeture prochaine de vingt mines déficitaires, coïncidant avec la suppression de 20 000 postes. Et faire durer la grève. Le syndicat des mineurs, la National Union of Mineworkers (NUM), est rejoint par d’autres syndicats, notamment de dockers. Les ports se retrouvent totalement paralysés. Elle va alors menacer d’employer l’armée contre les dockers, rendre illégale les grèves de soutien aux mineurs, les piquets de grève devant les entrées d’usines… La police est employée pour empêcher les grévistes d’aller convaincre leurs collègues des autres mines de les rejoindre. La NUM se retrouve ainsi coupé de ses soutiens potentiels. En criminalisant l’action des mineurs, en la faisant durer le plus possible, elle joue la carte de la division au sein des mouvements ouvriers. Le parti travailliste s’éloigne des syndicats, la NUM se retrouve isolé, puis voit ses avoirs gelés, et, le temps passant, les travailleurs des puits non directement menacés de fermeture reprennent le travail.

Thatcher va également jouer la carte du pourrissement au sein même des collectivités de mineurs des puits. En laissant durer, en criminalisant la grève (il y aura plus de 11 300 arrestations), en faisant intervenir très régulièrement les forces de police, notamment pour escorter les non-grévistes jusqu’aux puits, elle sait qu’elle va durablement diviser les mineurs. Quand les derniers puits reprennent le travail, un an après le début de la grève, les mineurs n’ont rien obtenu. Leur syndicat est en lambeaux, le Labour a pris ses distances d’avec les syndicats, qui ne sont plus soutenus par l’opinion publique. Et plus que tout, c’en est fini des communautés de mineurs et de tout ce qu’elles représentaient. Ces hommes et ces femmes, qui avaient été parmi les premiers outre-Manche à mettre en place des mutuelles en prélevant sur leurs salaires, des lieux communs, qui avaient pris conscience de leurs intérêts de classe communs et de la nécessité de l’organisation pour leur défense, vont peu à peu disparaître du paysage économique et historique britannique.

Résultat de la politique thatcherienne ? Une production manufacturière qui ne retrouvera son niveau de 1979 qu’en 1990… année de son départ. Des régions entières minées par le chômage et tous les problèmes qui peuvent en découler (toxicomanie quasi épidémique, etc.). Une génération de jeunes chômeurs qui se dirigera en partie vers des groupuscules d’extrême-droite, notamment autour de la mouvance skinhead, qu’elle récupère à cette époque. Des inégalités qui augmentent massivement. Des services publics privatisés et dont la qualité du service s’est énormément dégradée.

Et cette politique jusqu’au-boutiste, Thatcher va la montrer également sur l’international, renouant avec un impérialisme décomplexé. La guerre coloniale des Malouines fera pratiquement 300 morts dans les rangs britanniques. Elle fera partie de ceux qui pousseront George Bush à la plus grande fermeté à l’égard de l’Irak après l’invasion du Koweit. Et surtout, elle se montrera sans pitié à l’égard des prisonniers nord-irlandais en grève de la faim pour exiger le statut de prisonnier politique. Dix d’entre eux mourront à Long Kesh dans l’indifférence la plus totale de la « Dame de Fer ».

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Bobby Sands, un des dix irlandais morts à Long Kesh

Finalement, Margaret Thatcher sera contrainte par son propre parti de quitter le pouvoir. L’instauration de la poll tax, un impôt immobilier particulièrement injuste puisque sa valeur est la même pour tous, quels que soient le revenu et le capital, sera la goutte de trop. Face au mécontentement populaire, le parti conservateur la contraint à démissionner au profit de John Major.

La période Thatcher laissera cependant une profonde trace au Royaume-Uni. Non seulement, comme on l’a vu, sur le plan économique, mais également sur le plan politique. Le mouvement social organisé autour des syndicats ne s’en relèvera pas. C’est à peine s’il commence à renaître de ses cendres, notamment autour d’associations plus ou moins « apolitiques » et décentralisées. Le parti travailliste s’en est quant à lui durablement éloigné. Confronté au profond glissement à droite de la politique britannique, il finira par s’en accommoder dans l’espoir de retrouver le pouvoir. Tony Blair incarnera ce New Labour de l’aggiornamento, qui théorise une troisième voie entre le capitalisme et le socialisme, désormais considéré comme une volonté de lutter contre des « injustices sociales », et non plus un horizon à atteindre.

On raconte d’ailleurs que, lorsqu’on lui a posé la question de savoir ce dont elle était la plus fière, Thatcher aurait répondu « Anthony Blair ». Que l’anecdote soit apocryphe ou pas, peu importe. Reste cette constatation : la transformation radicale de la société a disparu du champ idéologique du principal parti de « gauche » britannique. Qui n’a fait que poursuivre le travail de libéralisation économique de la société entamé par Thatcher.

L’erreur fondamentale serait cependant de ne considérer l’héritage de Thatcher que sous un angle britannique. Si elle fut peut-être la meilleure représentante du néo-libéralisme et de l’impérialisme, elle incarne justement toute une vague qui s’abattit sur le monde occidental de dirigeants européens prêts à tout pour venir à bout des acquis ouvriers et pour accompagner le mouvement de désindustrialisation. Il faut se rappeler qu’à l’époque, Jacques Chirac comme Jean-Marie Le Pen revendiquaient leur proximité avec Ronald Reagan, pendant viril du tandem anglo-américain. Nous ne serons donc pas étonnés du communiqué du FN à propos du décès de Thatcher, louant sa politique libérale et son « anti-européisme ».

Il faudrait en effet n’avoir que peu de mémoire pour voir dans le FN un opposant à la politique thatchérienne. Il faudrait oublier qu’elle fût une amie proche de Pinochet, qui mit en place au Chili sous la dictature les mêmes politiques théorisées par Milton Friedman. Oublier qu’elle a soutenu le régime d’apartheid face à l’ANC et à Nelson Mandela qu’elle qualifia de terroriste. Ce serait oublier que le capitalisme s’accommode très bien de la dictature quand cela lui est nécessaire. Et que l’extrême-droite, elle, est une composante assumée des forces capitalistes. Il serait également étonnant de ne pas voir que Thatcher et sa politique restent un modèle pour certains. On s’en réclame d’ailleurs en Corée du Sud… Il faudrait ne pas voir le parallèle entre la grande grève des mineurs britanniques et la grève des mineurs espagnols : des hommes et des femmes qui se battent pour défendre leur emploi, leurs mines et toute l’économie de leur région. Des hommes et des femmes criminalisés, auxquels on oppose les forces de l’ordre, et parmi lesquels on attend tranquillement que des dissensions se fassent sentir. Comment ne pas voir que quand on réprimait les manifestations de mineurs avec la police montée au Royaume-Uni, on envoyait en France les voltigeurs lors des manifs étudiantes. Que les mêmes privatisations, la même libéralisation économique et financière ont eu lieu des deux côtés de la Manche. Que, partout en Europe, les partis sociaux-démocrates ont renoncé à la lutte des classes et à la transformation profonde  de la société.

Queen

Allégorie

Le testament de Thatcher, le voici, et il est écrit du sang des ouvriers. Margaret est dans la tombe, et nous regarde en riant.

Un merci tout particulier à Nicolas, Jérémie et Élise,

Bonus multiples :

  • Dans Là-bas si j’y suis, reportage au Pays de Galles chez des mineurs qui ont racheté leur mine à sa fermeture et sur l’importance des communautés de mineurs au sein du mouvement ouvrier.
  • Toujours dans Là-bas… une série sur les années 80. Pour se rappeler que Thatcher n’était pas seule.

Bonus Football : Les Reds de Liverpool rendent un bien bel hommage à Maggie.

Bonus Musical : From « Wizard of Oz » musical – Ding Dong the Witch is dead

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Le PS aux frontières du réel.

Cahuzac est-il le plus sérieux problème de parti soi-disant socialiste ? Il y a de quoi en douter. Bien entendu, pas question pour moi de minimiser ce qu’il convient d’appeler « l’affaire Cahuzac », mais ce n’est jamais qu’un fait-divers. Surtout, j’ai déjà exprimé en quoi ce genre de scandales me semble illustrer un système tout entier, c’est à dire que sa portée dépasse de loin le seul cadre du parti installé à deux pas du musée d’Orsay. Avec un peu d’astuce, ceux qui ne sont pas à un retournement de veste près pourraient même en tirer profit. On donne le porte-voix à la soi-disant aile gauche du cartel, qui en s’offusquant publiquement remplit la mission de rendre une image de probité à l’ensemble. Cahuzac n’est pas complètement paranoïaque quand il affirme que l’on s’acharne sur lui : le PS et le système capitaliste ont trouvé l’homme à lyncher, le goudron et les plumes arrivent. Surtout, c’est l’opportunité d’une formidable diversion : la faute d’un seul homme devient la faute d’un homme seul, et revêt nécessairement la forme d’une faute morale.

Il s’agit donc de « moraliser la vie politique ». Ici, la question n’est pas tant de déterminer si celle-ci est devenue « immorale », mais de ne surtout pas la présenter comme « amorale ». La distinction n’a rien de négligeable. Les questions de morale relèvent de la sphère privée : si j’attends d’un représentant de la nation une probité sans faille, c’est à dire tout simplement le respect de la loi, le terme de « morale » m’est étranger sur le plan politique. Prenons un exemple pas si ancien. Quand Nicolas le Petit fête sa victoire de 2007 au Fouquet’s, ce n’est pas l’indécence de l’étalage de la richesse qui me choque : qu’un homme qui a de l’argent aime le dépenser, rien de blâmable. Ce qui me fait réagir, c’est que nous vivions dans un système où les uns peuvent dépenser plusieurs milliers d’euros pour un repas de fête quand d’autres crèvent de faim. Ce constat là n’est pas moral : il est politique. Le problème du Fouquet’s, du yacht de Bolloré ou des bijoux de Rachida Dati, c’est que leur fonction symbolique est d’abord de rappeler que pour qu’il y ait des riches, il faut qu’il y ait des pauvres, et réciproquement. Vouloir « moraliser » la politique, c’est avant tout la nier.

Voilà un tweet qui résume tout !

Voilà un tweet qui résume tout !

Ce tour de passe-passe idéologique, le PS en a un besoin vital, car il a cessé d’être un parti politique, pour n’être plus que la courroie de transmission d’un système économique. Autrefois parti de la classe ouvrière pour ensuite s’en désintéresser et devenir le parti des « CSP + », autrement dit le prolétariat instruit, celui des cadres et des professions libérales, l’officine de la rue de Solférino est désormais l’alliée délibérée du Capital. Gauche caviar ou cassoulet, devenue gauche de renoncement, la première année du quinquennat Hollande-Ayrault marque le passage à une gauche capitaliste, autrement dit : la droite, les ennemis de classe. La morale en politique, c’est ce qui permet de se retrouver sur des thématiques consensuelles : la guerre c’est mal, la famine c’est triste, etc. Moraliser, c’est un hochet, un trompe l’œil à usage récréatif, une diversion à l’attention de la populace !

C’est donc dans ces conditions que les ouvriers de PSA, qui s’invitent ici et depuis quelques temps, ont mis samedi le cap sur le Parc de la Villette, à l’occasion du conseil national du parti sournois. Alors qu’au Parti de Gauche, nous nous adressons à la classe ouvrière, alors qu’au Front de Gauche nous avons vocation à renouer avec la notion de « grand parti des travailleurs », ceux-ci ne sont pas les bienvenus chez nos « camarades » de ce gouvernement faussaire. En témoigne l’évacuation en urgence du premier steward. Le Parti Socialiste n’est plus, il dérive à tribord depuis si longtemps qu’aujourd’hui ses dirigeants ont peur des ouvriers, comme de bons bourgeois tout droit sortis d’un roman d’Émile Zola. On comprend mieux pourquoi ils ne cessent de fustiger notre soi-disant « populisme ». Ils ont depuis trop longtemps perdu de vue ce qu’est le peuple, et ils en ont désormais peur.

Une ultime enquête pour l'agent Mulder

Une ultime enquête pour l’agent Mulder

Je continue de penser qu’il reste des militants un peu de gauche au PS, et qu’il y a des électeurs qui pensent vraiment voter à gauche lorsqu’ils choisissent cette formation, mais le récit par le Journal du Dimanche de l’irruption de travailleurs en colère est édifiant. Que penser quand Benoît Hamon, d’après ce récit, évoque « l’irruption du réel dans les débats » ? Mais ! Les mecs ! Vous vous rendez compte que vous déclarez publiquement que faute de tambours et trompettes, vous êtes concrètement passés à la sodomie de drosophiles ? Si vous prétendez être les champions de la Realpolitik, mais que vous êtes traumatisés par l’intervention de la réalité dès qu’elle prend la forme du sang, de la sueur et des cris ouvriers, alors quel genre d’homme êtes-vous devenus ? La pseudo aile gauche de votre formation peut bien gesticuler, faire mine de taper du poing sur la table ou pleurnicher, cette phrase à elle seule prouve que le Parti Socialiste est un corps mort. Et comme tous les corps morts laissés à l’air libre, il dégage une odeur bien peu ragoutante.

Merci à Oskar Kermann Cyrus pour son aide précieuse…

Bonus musical : Didier Super – Marre des pauvres

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Margaret Thatcher, François Villon ou Pablo Picasso

Un de mes hobbies de glandeur internet, c’est de consulter la page Wikipedia du jour, et d’y regarder quels illustres personnages sont nés où morts ce jour là. Le 8 avril 1994, c’est le jour où on a trouvé le corps sans vie de Kurt Cobain, le chanteur de Nirvana. Mais d’après l’autopsie, il serait mort le 3 ou le 4. Ça ne compte pas.

Margaret Thatcher est donc morte un 8 avril. Je me suis toujours promis de rincer les copains à coup de champagne le jour de sa mort. Thatcher, c’est à mes yeux un des plus forts symboles de la guerre de classe. Il y a quelque chose de fascinant chez la « dame de fer ». Chaque fois que j’ai entendu ce cliché selon lequel les femmes apporteraient de la douceur en politique, je pense à elle, et je ris un peu jaune. Thatcher, ce n’est pas seulement cette figure de l’idéologie « TINA » (There Is No Alternative) avec d’autres figures bien sexy comme Ronald Reagan. Thatcher, c’est aussi l’image d’une bourgeoisie sauvage, revancharde, celle qui refuse à la classe ouvrière jusqu’au droit de se plaindre de sa condition.

Pablo Picasso - La Célestine (1903)

Pablo Picasso – La Célestine (1903)

Derrière l’illusion de la démocratie et de l’humour anglais, Thatcher, c’est le retour de l’esprit impérialiste, qu’il s’agisse de faire la guerre à l’Argentine ou de laisser crever Bobby Sands comme un chien. C’est l’exécution économique à tous les étages et sans négociations. Pour moi qui suis originaire d’une région minière, Thatcher représente ce qu’il y a de plus infâme. Parce que de manière toute irrationnelle, moi qui ne connais les mines que par les livres et les récits des vieux, je me sens solidaire des mineurs, qu’ils soient de Courrières, des Asturies ou d’Angleterre. Peut-être plus encore pour ces derniers, dont la lutte contre l’immonde Thatcher correspond à mon année de naissance. Thatcher, l’amie des dictateurs, est désormais froide. Comme son complice Pinochet, elle est morte sans jugement, sans jamais avoir été déclarée coupable de ses crimes contre la classe ouvrière.

Qu’on naisse ou qu’on meure, la date est toujours un hasard. Le 8 avril, on commémore la naissance de François Villon, de Jacques Brel, la mort de Pablo Picasso. Pas besoin de chercher longtemps pour trouver des hommes et des femmes de plus grande valeur que cette abjection qui porta le nom de Margaret Thatcher. Malheureusement, à voir l’austérité gangréner l’Europe, à voir en France le PS abandonner ce qui lui restait de gauche en votant l’ANI du MEDEF, on est en droit de craindre que Miss Maggie est bien vivante.

Bonus Nécrologie : Le 10 avril, nous célébrions le 94ème anniversaire de la mort du révolutionnaire Mexicain Emiliano Zapata. Aujourd’hui, nous célébrons le 36ème anniversaire du décès du poète Français Jacques Prévert.

Bonus Musical : Serge Reggiani (d’après un poème de François Villon) : La ballade des pendus.

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Je pars en vacances.

Je débranche mon téléphone, je ferme ma boîte à mails. Je déconnecte. Salut.

Pour la VIème République : Et que vive la Sociale !

Ce week-end, j’ai eu l’occasion de discuter, de manière directe ou indirecte, avec des personnes d’horizons assez différents, de notre marche du 5 mai prochain pour la VIème République. Il en ressort que des clarifications sont nécessaires.

D’abord, un constat, celui de l’échec de la Vème République. Jérôme Cahuzac n’a ici qu’un rôle quasi-métaphorique. Loin de moi l’idée de minimiser la gravité du scandale le concernant, mais il serait idiot d’en faire un bouc-émissaire. Pour autant, pas question de sacrifier celui qui n’est qu’un homme désormais seul (sic) afin de se laver les mains du reste. Pas question non plus de reprendre le slogan poujadiste du « tous pourris ». Comme l’écrivait mon compère du Cri du Peuple vendredi : « Ce n’est pas tous pourris mais tout qui est pourri. » Dans le cadre politique de la Vème république, les hommes honnêtes sont appelés à se corrompre où à se trouver pieds et poings liés.

Source : Commune Communication

Source : Commune Communication

La frontière est parfois ténue entre concession et compromission, entre peser un rapport de forces et avaler une couleuvre. Fixer des limites à son action n’est pas toujours chose aisée, et en un rien de temps, ce système a transformé un militant sincèrement de gauche en serviteur du Capital. Le régime présidentiel se charge de museler les autres. L’épouvante bien orchestrée de la perspective de cohabitation a achevé de garantir un parlement aux ordres de l’exécutif, et en dernier recours, le bicamérisme hérité du Directoire permet une dilution du pouvoir législatif. Résultat, malgré le score de Jean-Luc Mélenchon en avril dernier, le résultat des législatives qui ont suivi n’est pas représentatif de l’influence grandissante de notre projet politique. Et avec la majorité absolue des sièges pour le parti dont le président est issu, notre influence institutionnelle au niveau national est quasi-nulle.

En filigrane, c’est la question de l’État qui se pose à nouveau. Si les partis politiques ne sont que l’outil de conquête de l’État, l’État n’est que l’outil de préservation d’un système politique, économique et social. Par conséquent, l’appel à une Constituante ne doit pas se résumer à un aspect purement institutionnel. Il ne s’agit pas de dire que nous voulons changer de république, il convient d’affirmer quelle république nous voulons. C’est la clé de voûte idéologique nécessaire pour sortir du raccourci « tous pourris ! » C’est aussi ce qui nous protégera des tentatives de récupération de notre mouvement par l’extrême-droite. Sans le volet social de notre discours, il est tentant de rapprocher les « Fronts », et certains ne s’en gênent pas ! Il s’agit donc d’affirmer que nous portons un projet politique à l’opposé des orientations en cours (ANI, Troisième acte de décentralisation, TSCG etc.) : nous ne dénonçons pas ceux qui ont le pouvoir pour devenir califes à la places des califes, nous combattons un outil d’exploitation de l’homme par l’homme.

Vive la Sociale !

Vive la Sociale !

Notre action politique n’est pas faite de « coups » médiatiques, même si nous acceptons parfois de porter le fer avec les mêmes armes que l’ennemi. On ne peut pas dissocier notre appel à une VIème République du reste de nos engagements de terrain. Cet appel se fait dans la continuité de notre travail pour bâtir un Front des luttes, c’est à dire l’incarnation de la convergence des luttes de tous les travailleurs à l’aide de tous les outils à leur disposition : syndicats et partis politiques notamment. C’est pourquoi, je maintiens que cette république n’aura de sens que si elle affirme son caractère anticapitaliste.

Est-ce pour autant une finalité ? Je ne le crois pas, pas plus que la signature de conventions collectives par les syndicats. Ce projet doit être pris pour ce qu’il est : une avancée et surtout un outil dont nous nous dotons pour aller plus loin dans l’émancipation de la classe ouvrière. En ce qui me concerne, je ne serai comblé qu’une fois érigée un système démocratique fondé sur les « conseils ». En russe, ça se dit soviet.

Bonus musical : Patti Smith – People have the power

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La république n’est pas compatible avec le capitalisme

Y a-t-il vraiment une « affaire Cahuzac », comme il y a eu une « affaire Woerth » ? Ce simple mot, « affaire », enferme tout ce qu’il y a de moisi dans le fonctionnement de la Vème République. Dans le langage convenu des médias et des professionnels de la politique, on n’entend plus guère l’expression « être au pouvoir », le mot « pouvoir » est sale, connoté, le pouvoir c’est nécessairement le pouvoir sur l’autre, une illégitimité quasi-ontologique. Toujours donner l’illusion de ce qui est lisse, l’égalité proclamée par la novlangue. Non, la pensée dominante préfère l’expression « être aux affaires ».

Les affaires de l’État ? Rien n’est moins sûr. Du temps de Chirac, les « affaires » désignent un ensemble de magouilles dans lesquels tant de personnages publics ont trempé. Rien de grave, on pratique l’amnésie à grande échelle, le public oublie. C’est ainsi qu’on peut être mêlé jusqu’au cou dans une affaire sordide de sang contaminé par le virus du sida au milieu des années 80, il suffit d’être patient, on se relève de tout et on finit ministre des affaires étrangères.

Les affaires, c’est les affaires. Les affaires tout court. En Vème République, tout est dans tout, et réciproquement (sic). On dirige un cabinet ministériel, le temps de faire quelques relations, d’épaissir un carnet d’adresses bien utile une fois de retour dans le privé. C’est le système qui le veut, il s’est construit dans une logique de vases communicantes. On naît du bon côté de la barrière de classe, on fait des études de droit, de sciences politiques, on passe par l’ENA, par HEC, Polytechnique… On finit par proclamer élite ce qui n’est que consanguinité toute capétienne. L’un deviendra une figure importante d’un cartel de patrons, son tout petit frère sera président de la république. Pas de complot, juste des logiques cohérentes de préservation de classe.

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Woerth, Cahuzac, d’accord. Voilà les petits derniers d’une liste déjà longue de ceux qui se servent du système pour camoufler leurs magouilles. Avant eux il y a eu Dumas, Tapie, Tibéri, j’en passe et de bien meilleurs. Ces gens-là ne manipulent pas le système, ils sont le système. La liste est longue et s’allongera encore, car elle exprime l’essence de ce qu’est le capitalisme : la recherche du profit maximal par tous les moyens. On peut décider de « moraliser la vie politique », créer pour cela une commission, mettre à sa tête un ancien premier ministre et sans la moindre once de second degré y inclure une ex-ministre VRP en pharmacie. Cela conduira à un changement des règles du jeu, peut-être, mais le jeu continue.

Après Cahuzac, qui viendra ? Peu importe au fond, qu’il soit issu du PS. UMP et FN ont fait leurs preuves dans l’escroquerie. Soyons honnête jusqu’au bout. Remplacez Cahuzac par mon voisin du dessus ou mon boucher, rien ne changera, personne n’est pur. Il n’est pas tellement question de personnes physiques, le véritable problème est que la corruption, la fraude et autres travers vénaux sont consubstantiels au capitalisme.

Vite, la révolution !

Vite, la révolution !

Depuis que la monarchie a cessé d’être sérieusement envisagée en France comme alternative politique, la République s’est peu à peu éloignée de ses buts premiers. Alors qu’elle devrait être perçue comme le choix d’un système politique, elle est reléguée au rôle de fonctionnement institutionnel du capitalisme. Sous la Vème république, les élus du Front de Gauche ne pourront jamais guère faire mieux que contribuer à limiter la casse sociale, notamment au plan local. Mais même quand nous serons majoritaires au niveau national, cette fausse république au service de l’oligarchie nous enchaînera. On ne pourra pas mener une véritable politique de gauche dans son cadre.

L’appel que nous avions lancé lors de la dernière campagne présidentielle n’était pas un hochet, un produit marketing de campagne. C’est une nécessité, la condition sine qua non de notre réussite. La Vème République, c’est la confiscation de la souveraineté populaire au profit de l’oligarchie, c’est une république en trompe l’œil.

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Cet appel, nous le renouvelons aujourd’hui. Nous voulons la VIème République car nous voulons rendre le pouvoir à son seul propriétaire légitime : le peuple. Nous voulons la VIème République car nous voulons la République.

EDIT : Pour aller plus loin sur le sujet : Pour la VIème République : Et que vive la Sociale

Images : Naz Oke

Bonus musical : Midnight Oil (encore) – Redneck Wonderland

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Nanterre, le 2 avril, à 13 heures

Pas besoin de faire un long billet aujourd’hui. Tout ce qui doit l’être a déjà été écrit . Ce qui comptera demain, c’est que nous répondions à l’appel. Ce qui comptera demain, c’est l’expression de notre solidarité. Ce qui comptera demain, c’est de faire corps derrière notre camarade Gérard Cazorla.

Pas besoin de vous en dresser un portrait aux petits oignons, pas besoin d’en faire un syndicaliste hors du commun. Ce qui est important, c’est que c’est l’un des nôtres que l’on attaque, et on ne laisse pas l’un des nôtres seul face à l’ennemi.

FRALIB

La seule véritable force de notre adversaire, c’est sa capacité à nous diviser, à empêcher que notre classe prenne conscience de ce dont elle est capable. Demain, rendons nous à Nanterre, et prouvons à nos adversaires qu’ils se trompent. Qu’ils tremblent, car nous refusons de continuer à avoir peur : Fralib vivra !

Bonus musical (ibère et libertaire) : ¡ A las barricadas !

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Les raisons de la colère

Ce billet a été écrit ce matin, mais ce sont bien les aléas d’un séjour en province (sic) qui me contraignent à publier seulement ce soir. Soyez rassuré, je rentre à Paris demain.

Ça se termine, ce congrès. À l’heure où je démarre ce billet, Martine Billard, à la tribune pour clore ce long week-end, vient de dénoncer les attaques infâmes de quelques cloportes qui se proclament indûment journalistes à l’encontre de mon camarade Jean-Luc Mélenchon. Je ne m’étendrai pas davantage sur les propos diffamatoires de quelques uns, tant il semble que les antisémites ne sont pas forcément ceux que l’on croît. Nous, au Parti de Gauche, nous ne le sommes pas, et si nous avions des gages à fournir, ce ne serait certainement pas à ces messieurs qui se nourrissent de la haine de classe.

5,000 personnes présentes, difficile de rester sagement assis.

5,000 personnes présentes, difficile de rester sagement assis. (Photo : François Longérinas)

Beaucoup de fatigue ce matin, et malgré le soleil enfin décidé à se montrer franchement, l’envie de rentrer pour simplement dormir ou bouquiner au calme. Nous voilà au termes de deux jours de débats nourris, et il faut bien le dire, pas toujours détendus. De bien mauvaises langues pourraient dire de nous qu’on passe notre temps à se foutre sur la gueule. Qu’ils ne s’en privent pas. Nous avons l’incroyable volonté de ne pas être des donneurs de leçon, comme monsieur Carvounas. Nous avons l’incroyable volonté de ne pas nous comporter comme des parasites gouvernementaux avec comptes à numéros, imposant aux autres ce qu’on se garde bien d’appliquer à soi-même. Oui, au Parti de Gauche, on s’engueule, parce que l’exercice de la démocratie est bien une expérience difficile au quotidien. Nous appelons à la convocation d’une constituante qui posera les jalons d’une VIème République, et cette VIème République ne sera pas le jouet d’oligarques pourris. Oui, on s’engueule davantage dans un congrès démocratique que dans les think tank, ces cercles qui pensent qu’une bonne idée ne peut pas germer dans l’esprit d’un peuple.

Le "camarade et néanmoins ami" Nathanaël Uhl, en pleine intervention "punk".

Le « camarade et néanmoins ami » Nathanaël Uhl, en pleine intervention « punk ».

Au Parti de Gauche, nous appliquons à nous-mêmes ce que nous voulons étendre à l’ensemble de la société. Alors on s’engueule. On s’engueule mais on ne se fâche pas. On s’engueule comme les camarades, comme les frères que nous sommes. On s’engueule, enfin, mais si notre colère est intacte, elle est toujours dirigée dans le bon sens. Nous pouvons être fiers du travail accompli depuis la création du Parti de Gauche en 2008, fiers des campagnes menées avec nos partenaires dans le cadre du Front de Gauche, fiers du résultat produit par ces mois de préparation de Congrès, fiers du résultat auquel il a abouti en ce week-end aquitain. Nous ne sommes pas devenus une association de baronnies ni un cartel de courants politiques, comme ce parti soi-disant socialiste qui serait comique s’il ne détenait pas tous les leviers du pouvoir dans notre pays. Nous n’avons pas dilué notre discours à des fins électorales, nous ne l’avons pas faussement durci dans un gauchisme de parade, nous sommes restés fidèles à ce que nous sommes, ni plus ni moins que les défenseurs de la révolution citoyenne.

Martine Billard à la tribune.

Martine Billard à la tribune. (Photo : Rémy Blang)

Notre colère, je le maintiens, est une colère saine, parce qu’elle se dirige contre Laurence Parisot, contre Pierre Moscovisci, contre la famille Peugeot et tous ceux qui sont de l’autre côté de la barrière de classe et qui sont donc nos ennemis. Nous l’avons à nouveau affirmé ces jours-ci : il est grand temps que la peur change de camp. Pour ma part, et comme ce camarade à la tribune hier, je rappellerai en conclusion les propos de Félix Dzerjinski : « Pour nos adversaires, quatre murs, c’est trois de trop. »

Bonus Delapierre :

Bonus musical : The Ramones – Blitzkrieg Bop

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Des débats et des hommes.

Bon. Cette fois ça a commencé. Il faisait moche à Bordeaux, hier. Les camarades qui étaient en voiture avec moi, et tous ceux qui savent mon attachement à cette ville se sont bien chargés de me le rappeler. En même temps, on n’est pas venus pour enfiler des perles. On est là pour bosser.

Des congressistes studieux.

Des congressistes studieux.

Hier, il y en avait du travail. J’ai le plaisir de voir mes camarades montreuillois Claudio Calfuquir et Franck Boissier sur l’estrade, en tant que membre du bureau du congrès. C’est donc un ami qui donne le coup d’envoi de notre séquence de travail du jour, longue et dense. Il ne s’agit pas des questions les plus sexy, tant elles sont internes à notre parti. Il s’agit de finances, je n’en parlerai pas. On a beau vivre une époque où on invite les curés à parler de sexualité, et Roselyne Bachelot d’éthique politique, je me refuse à évoquer ici des sujets sur lesquels je suis si peu compétent.

Mon camarade Franck (et d'autres) à la tribune.

Mon camarade Franck (et d’autres) à la tribune.

Il s’agit aussi de statuts, avec des enjeux qui peuvent paraître souvent abscons, même pour les plus aguerris des militants présents. À l’instar de nos camarades du PCF, nous nous organisons alors en ruches de travail, par petits groupes, pour débattre à nouveau des enjeux politiques qui se cachent derrière les choix que nous avons à faire sur l’évolution structurelle de notre parti. Sans entrer dans les détails, je me contenterai de réaffirmer ce que j’écrivais ici il y a quelques semaines : ce n’est jamais une erreur de parier sur l’intelligence collective. Nous ne rentrerons pas de Bordeaux avec un parti parfait, mais nous avons su éviter les écueils les plus dangereux. On va pouvoir faire sérieusement de la politique.

Les camarades de Seine Saint-Denis.

Les camarades de Seine Saint-Denis.

Aujourd’hui, le soleil est (partiellement) revenu, mais nous en profiterons assez peu. C’est à la tâche immense de discuter le texte d’orientation politique. Je me réjouis à nouveau, à l’heure où j’écris, de la qualité des débats. Nous ne sommes pas là pour nous bercer d’illusions sur l’état de nos forces, nous ne sommes pas là pour nous jeter des fleurs, nous ne sommes par là pour une réunion de bureaucrates auto-satisfaits. Nous, congressistes, sommes décidés à ne pas être des avatars de nos « camarades » soi-disant socialistes. Nous ne sommes pas la chambre d’enregistrement de décisions prises en haut, nous sommes la voix de nos camarades de comités. Et bien que les débats soient en cours pour encore longtemps aujourd’hui, j’ai toute confiance en l’affirmation répétée d’une volonté, celle d’un parti qui se construit par la base, qui s’applique à lui-même ce qu’il revendique pour tous : la démocratie, et la souveraineté populaire. Et tant pis si c’est dur, pourvu que nous avancions, pourvu que nous améliorions sans relâche ce qui ne sera jamais autre chose qu’un outil d’émancipation de la classe ouvrière.

Bonus musical (en hommage à mon camarade Sydné) : Gorillaz – Clint Eastwood

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