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Les raisons de la colère

Ce billet a été écrit ce matin, mais ce sont bien les aléas d’un séjour en province (sic) qui me contraignent à publier seulement ce soir. Soyez rassuré, je rentre à Paris demain.

Ça se termine, ce congrès. À l’heure où je démarre ce billet, Martine Billard, à la tribune pour clore ce long week-end, vient de dénoncer les attaques infâmes de quelques cloportes qui se proclament indûment journalistes à l’encontre de mon camarade Jean-Luc Mélenchon. Je ne m’étendrai pas davantage sur les propos diffamatoires de quelques uns, tant il semble que les antisémites ne sont pas forcément ceux que l’on croît. Nous, au Parti de Gauche, nous ne le sommes pas, et si nous avions des gages à fournir, ce ne serait certainement pas à ces messieurs qui se nourrissent de la haine de classe.

5,000 personnes présentes, difficile de rester sagement assis.

5,000 personnes présentes, difficile de rester sagement assis. (Photo : François Longérinas)

Beaucoup de fatigue ce matin, et malgré le soleil enfin décidé à se montrer franchement, l’envie de rentrer pour simplement dormir ou bouquiner au calme. Nous voilà au termes de deux jours de débats nourris, et il faut bien le dire, pas toujours détendus. De bien mauvaises langues pourraient dire de nous qu’on passe notre temps à se foutre sur la gueule. Qu’ils ne s’en privent pas. Nous avons l’incroyable volonté de ne pas être des donneurs de leçon, comme monsieur Carvounas. Nous avons l’incroyable volonté de ne pas nous comporter comme des parasites gouvernementaux avec comptes à numéros, imposant aux autres ce qu’on se garde bien d’appliquer à soi-même. Oui, au Parti de Gauche, on s’engueule, parce que l’exercice de la démocratie est bien une expérience difficile au quotidien. Nous appelons à la convocation d’une constituante qui posera les jalons d’une VIème République, et cette VIème République ne sera pas le jouet d’oligarques pourris. Oui, on s’engueule davantage dans un congrès démocratique que dans les think tank, ces cercles qui pensent qu’une bonne idée ne peut pas germer dans l’esprit d’un peuple.

Le "camarade et néanmoins ami" Nathanaël Uhl, en pleine intervention "punk".

Le « camarade et néanmoins ami » Nathanaël Uhl, en pleine intervention « punk ».

Au Parti de Gauche, nous appliquons à nous-mêmes ce que nous voulons étendre à l’ensemble de la société. Alors on s’engueule. On s’engueule mais on ne se fâche pas. On s’engueule comme les camarades, comme les frères que nous sommes. On s’engueule, enfin, mais si notre colère est intacte, elle est toujours dirigée dans le bon sens. Nous pouvons être fiers du travail accompli depuis la création du Parti de Gauche en 2008, fiers des campagnes menées avec nos partenaires dans le cadre du Front de Gauche, fiers du résultat produit par ces mois de préparation de Congrès, fiers du résultat auquel il a abouti en ce week-end aquitain. Nous ne sommes pas devenus une association de baronnies ni un cartel de courants politiques, comme ce parti soi-disant socialiste qui serait comique s’il ne détenait pas tous les leviers du pouvoir dans notre pays. Nous n’avons pas dilué notre discours à des fins électorales, nous ne l’avons pas faussement durci dans un gauchisme de parade, nous sommes restés fidèles à ce que nous sommes, ni plus ni moins que les défenseurs de la révolution citoyenne.

Martine Billard à la tribune.

Martine Billard à la tribune. (Photo : Rémy Blang)

Notre colère, je le maintiens, est une colère saine, parce qu’elle se dirige contre Laurence Parisot, contre Pierre Moscovisci, contre la famille Peugeot et tous ceux qui sont de l’autre côté de la barrière de classe et qui sont donc nos ennemis. Nous l’avons à nouveau affirmé ces jours-ci : il est grand temps que la peur change de camp. Pour ma part, et comme ce camarade à la tribune hier, je rappellerai en conclusion les propos de Félix Dzerjinski : « Pour nos adversaires, quatre murs, c’est trois de trop. »

Bonus Delapierre :

Bonus musical : The Ramones – Blitzkrieg Bop

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En terrasse avec Arnaud Montebourg

Quand Arnaud arrive sur la terrasse heureusement couverte du Gévaudan, j’écrase ma cinquième cigarette, mon troisième café refroidissant devant moi. Il est en retard. Je lui fais remarquer avant même qu’il ne s’assoie. Loin de se chercher des excuses, il me rétorque qu’il était en train de fumer un cigare long comme un barreau de chaise avec le député fictif et l’homme à la mèche, et que ce dernier lui a indiqué qu’un homme important ne peut pas se permettre d’être à l’heure à un rendez-vous. Sans doute cherche-t-il à m’indiquer implicitement que l’aile gauche du Parti soi-disant Socialiste, il y croit. Silence, Arnaud s’assoit. L’espace de quelques secondes, l’homme qui ne s’aime pas contemple avec moi la mairie de Montreuil, demeure provisoire – espérons-le – de celle qui n’est pas folle (sic). Je romps la trêve, car mes revenus ne sont pas garantis par des indemnités ministérielles. Mon temps est précieux, et pire, j’ai un travail qui exige de rendre des comptes. Il est temps de démarrer l’interview.

Le Gévaudan, à Montreuil

Le Gévaudan, à Montreuil

Arnaud, ton gouvernement a ratifié le TSCG il y a de ça quelques mois. La première conséquence est la dégradation des services publics. Dernier exemple en date, la paralysie d’une grande partie du pays suite à d’importantes chutes de neige. Tu penses pas que vous avez un peu merdé ?

Oh ! Arrêtons tout de suite avec la neige ! Pour une fois que les vacances tombent en mars, c’était pas gagné d’avoir la neige à Courchevel ! Maintenant que je suis quelqu’un d’important, je suis le seul parisien qui ne peut plus s’isoler à Megève quand il fait froid ! C’est plutôt moi qui suis à plaindre.

Justement, les vacances, il n’y a plus beaucoup de travailleurs qui en prennent. Pour nous, en Seine Saint-Denis, le dossier PSA, c’est quand même quelque chose, je ne t’apprends rien.

Je te vois venir, tu vas m’accuser de tous les maux. Mais j’ai tout fait dans l’affaire PSA. C’est moi qui ait appelé les syndicats à une attitude responsable ! Tout le reste, c’est de la manipulation de la CGT et de l’extrême gauche. Avec le pacte de compétitivité mis en place suite au rapport Gallois, c’est 20 milliards de cadeaux supplémentaires aux entreprises. Grâce à moi, elles ont toutes les cartes en mains pour investir et relancer l’économie !

Tu penses vraiment qu’il s’agit là de choix politiques de gauche ? D’un côté des travailleurs dont on criminalise chaque revendication, et de l’autre un patronat toujours plus revanchard à qui l’on fait toujours plus de cadeaux.

Il faut véritablement se débarrasser de cette vision de classes. Nous sommes tous dans le même bateau. Moi, par exemple, je n’ai pas pu partir en vacances sous prétexte que je suis au gouvernement. Pourtant, je ne suis pas le premier à le dire, le politique ne peut pas tout. Ce n’est tout de même pas de ma faute si c’est la crise !

Mais même en admettant que le politique ne peut pas tout, ce qui est déjà discutable, pourquoi toujours prendre le parti des possédants contre les travailleurs ? Ton gouvernement se rend en masse lécher la main du MEDEF mais envoie les CRS aux ouvriers de Mittal et de Goodyear !

Je le répète, la lutte des classes ça n’existe pas ! Si on s’est précipité chez Parisot, c’est seulement parce qu’on bouffe super bien à chaque fois. Les barbecues de la CGT à base de pneus flambés, très peu pour moi.

Il faudrait arrêter de répéter tout ce que dit Jérôme Cahuzac, Thomas Pizard est déjà intenable !

Mais ce n’est pas seulement Jérôme Cahuzac qui le dit, Fleur le dit aussi. Et puis Fleur, c’est quelque chose, quand même ! Elle s’y connaît en pauvres, elle est de Montreuil. En plus, avec sa tête qui fait peur aux enfants, on peut pas l’accuser d’avoir été recrutée au gouvernement pour son physique !

C’est complètement sexiste ! Tu ne crains pas que de tels propos t’isolent au sein du gouvernement ?

Bof. Je te rappelle qu’on a Najat au ministère des Droits des Femmes. C’est pas comme si au PS, on prenait cette question au sérieux. Elle a quand même osé dire à Sophia que l’ANI était un élément émancipateur pour les femmes. Ça situe le niveau. Et puis on ne peut pas m’accuser de sexisme, j’ai soutenu la dinde du Poitou en 2007. Rien que pour ça, je mérite la légion d’honneur !

À ce propos, c’est plutôt curieux d’avoir milité contre le TCE en 2005 puis pour la candidature de Ségolène Royal en 2007. Ta ligne politique, ce ne serait pas, au fond, de voler au secours de la victoire ?

(Arnaud sourit, un peu gêné d’en avoir trop dit, puis avale d’un trait son café) On va devoir s’arrêter là, je suis invité à dîner chez Alain Minc, je ne veux pas être en retard.

Merci à Sophia grâce à qui j’ai eu l’idée de cette interview fictive.

Bonus musical : Jacques Dutronc L’opportuniste

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