J’étais hier à Aulnay-sous-Bois pour assister au meeting organisé par les travailleurs en lutte de l’usine PSA. En France, les révolutions se produisent quand il fait beau, et le soleil de cette fin septembre semble rejeter l’austérité à laquelle le capitalisme veut nous condamner. Je constate en arrivant que l’événement a rassemblé trop peu de monde à mon goût, mais aller à Aulnay, c’est un peu comme aller en province. Rendez-vous compte : là bas, pas un métro, à peine une station de RER. Les camarades présents signalent toutefois la solidarité avec ce qui s’annonce comme le drame social de cette fin d’année à Aulnay, et plus généralement en région parisienne et en France. CGT, Sud, FSU etc. sont présents. Les organisations politiques aussi, bien que non invitées à la tribune.
Toute la gauche est réunie ! Toute ? Non. Une petite majorité mesquine réclamant en permanence le rassemblement à gauche n’a pas jugé utile de se déplacer. Si on demande à Samia Ghali, j’imagine qu’elle nous dira que l’usine ne ferme pas mais qu’elle déménage. Finalement, quand des membres d’un parti socialiste reprennent une terminologie national-socialiste, je me dis que le rassemblement de la gauche, il est préférable de le faire sans la droite. Je n’évoque pas l’inexistence parasitaire de ces passe-plats d’Europe-Écologie-La-Vanité : personne ne sera étonné de leur absence. Pour le reste, on croise les personnalités récurrentes de la gauche. Marie-Georges Buffet est au premier rang, Olivier Besancenot est venu en famille, Arlette Laguiller parle aux caméras, Éric Coquerel se laisse prendre en photo… Ce qui réunit la gauche, c’est de savoir que sa place est ici davantage qu’aux universités d’été du MEDEF.
À la tribune, on parle de la convergence des luttes, avec les travailleurs de PSA bien sûr, mais aussi avec les camarades d’Air France, dont l’emploi francilien est menacé, on parle de Sodimédical, de la menace que l’austérité fait peser sur les services publics autant que sur l’emploi privé. Les « Fralib », qui depuis longtemps ont compris que leur combat était aussi celui d’Aulnay-sous-Bois, de Florange ou d’ailleurs, sont quelques uns à avoir fait le déplacement. Cela nous rappelle l’urgence de constituer un véritable Front de Gauche des luttes, une coordination permanente où le politique se ferait la courroie de transmission du syndicalisme afin d’engendrer une véritable force de frappe pour se défendre contre les saigneurs capitalistes. On en est encore loin, mais ce travail est plus que jamais d’actualité.
C’est le maire socialiste de la ville qui est au micro, osant se faire le porte-parole des salariés en lutte, alors même qu’il appartient à une majorité qui intime aux camarades de rester « raisonnables », quand l’ami Nathanaël me dit, avec une mine quelque peu déconfite : « Putain, y’a pas grand monde. » Comme pour répondre à ce constat désolé, un rebondissement fait notre joie: alors que le public a le bon goût de siffler à plusieurs reprises l’homme au micro, un bus s’arrête, dont on voit sortir bruyamment les camarades de Ford Blanquefort, revenant du salon de l’auto. Plus personne n’écoute le camarade social-traître. On prend quelques photos, on renforce l’idée que chaque lutte est la nôtre.
Enfin, les discours se terminent, le ciel se fait menaçant, il est temps de rentrer à Paris, afin de reprendre des forces pour la manifestation du lendemain. Chaque lutte est la nôtre, celle contre la ratification du TSCG est celle de tous.