Les partis brûlent-ils ?

Pour mes camarades du PG qui gardent la tête froide.

Suite des réflexions entamées dans le précédent billet.

Petite précision à l’attention de ceux qui ne lisent que ce qui les arrange : je suis fermement favorable à la constitution de listes Front de Gauche aux municipales partout où cela est possible, comme je l’ai voté en mars dernier au congrès du Parti de Gauche. Cela inclut évidemment la ville de Paris.

Cela étant posé, je reviens sur le climat délétère qui gangrène actuellement les relations au sein du Front de Gauche et à l’intérieur du Parti de Gauche. Les responsables sont comme toujours à chercher dans la minorité. La minorité des dirigeants communistes parisiens, d’abord, qui propose à ses militants de se prononcer en faveur d’une liste commune avec la candidate solférienienne Anne Hidalgo dès le premier tour. Un tel choix serait, j’en suis convaincu, une grave erreur d’appréciation de la situation politique actuelle. Mais je l’ai déjà dit : c’est mépriser nos camarades parisiens que de partir du principe que ceux-ci feront le même choix que leurs dirigeants. Personnellement, j’espère qu’ils les contrediront, mais je n’ai pas d’information sur ce point, alors j’évite les plans sur la comète (contrairement à cette rumeur qui a circulé sur les réseaux sociaux, je n’ai jamais parié un restaurant avec Nathanaël que le PCF parisien s’allierait au PS dès le premier tour).

Plus grave que le mépris à l’égard de nos camarades communistes parisiens, le mépris que certains, notamment au PG, affichent à l’égard des autres camarades communistes. Ils semblent ne pas remarquer qu’à Marseille (qui est une petite bourgade sans importance, comme chacun sait), Aix, Montreuil et tant d’autres, le PCF a opté pour des listes autonomes sous l’étiquette Front de Gauche. Ce mépris là touche aussi les militants PG hors de Paris, qui se préparent à des situations bien délicates, quand ils devront travailler avec le PCF local tout en gérant la haine déversée par leur direction parisienne.

N'oublions pas ce qui nous rassemble.

N’oublions pas ce qui nous rassemble.

Une alliance PS-PCF à Paris serait à coup sûr un sale coup pour le Front de Gauche, je n’en disconviens pas, mais ce qui se joue ces jours-ci m’inquiète bien davantage pour l’avenir de celui-ci. Avec tout le respect que je dois à mon camarade Alexis Corbière, d’où lui vient cette certitude qu’un tel événement mettrait KO le Front de Gauche pour six mois au moins ? La vie politique française, ça n’est pas Paris, et ce genre de prophéties relève davantage de Paco Rabanne que de Karl Marx. Avec tout le respect que je dois à Jean-Luc Mélenchon, depuis quand ce discours qui consiste à mettre un partenaire au pied du mur à coup de déclarations du type « Personne n’est obligé d’être membre du Front de Gauche » ? Tout cela me rappelle tristement le slogan de Reagan « Love it or leave it ! »

Notre incapacité à bâtir une alternative à gauche depuis l’élection de François Hollande est décourageante, mais ce n’est certainement pas en cessant de faire de la politique qu’on avancera. Et ces derniers jours, la ligne du PG n’a rien de politique, et n’a aucun lien avec le « parti creuset » qu’il prétendait être quand j’y ai adhéré en septembre 2012. Elle se résume aujourd’hui en deux axes : premièrement, celui qui ne déverse pas sa haine sur Pierre Laurent et les communistes parisiens est un traître à la solde du gouvernement, deuxièmement, qui s’exprime contre le premier axe n’a pas sa place au PG et doit le quitter. Cela n’a rien de politique, c’est du chantage, et on en voit les effets. Ma décision de ne pas renouveler mon adhésion au PG serait anecdotique, si seulement je n’apprenais pas chaque jour le départ de tel ou tel camarade.

Quand j’ai rejoint le PG, le maître mot était « l’éducation populaire », ce travail qui avait conduit Mélenchon à un score historique à la présidentielle. Contrairement à ce que croient certains idolâtres, ce résultat n’est pas le fruit du seul charisme de tribun du candidat, mais bien le travail acharné des militants de l’ensemble des organisations du Front de Gauche, appliquées alors à défendre le projet de « L’humain d’abord » qui nous rassemblait alors, et, j’ose l’espérer, nous rassemble toujours. Seule cette stratégie pourra convaincre que le Front de Gauche est la véritable alternative aux angoisses de la classe ouvrière, pas le Front National. C’est en luttant aux côtés des travailleurs au quotidien, en expliquant à tous et sans relâche notre projet politique que nous gagnerons. Certainement pas avec ces querelles de riches, ces querelles d’apparatchiks qui ne donnent de nous que l’image de petits tyrans staliniens en puissance.

Bonus musical : Eiffel – Libre

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16 réflexions sur “Les partis brûlent-ils ?

  1. JeanneDAU dit :

    Encore une fois, d’accord avec toi, je ne rajouterai rien à ce que j’ai écris hier.
    Ce matin j’ai ajouté un commentaire sur le blog d’Alexis Corbière.

    Pour info : Chez nous après les présidentielles et législatives, campagnes formidables, nous nous sommes retrouvés pour faire le point. Au cours de la réunion la question des encartées ou pas est venue sur le tapis et nous avons pu constater que + de 50 % ne l’étaient pas…Ils avaient tracté, collé, discuté, sur tous les marchés de la circo. ils avaient fait de la politique.

    Nous avons par la suite – ensemble – créé une association des Amis du FDG que nous faisons vivre, nous continuons.

    Alors ça voudrait dire qu’une minorité ici ou là empêcherait que nous avancions, ne nous reconnaitrait pas ? Nous nous reconnaissons nous dans « l’HUMAIN D’ABORD » nom de la liste que nous constituons dans ma commune.

    Quand vont-ils ouvrir les yeux ?

    Je ne veut pas que l’on écrive : DOMMAGE !

  2. Partageux dit :

    Je pense qu’une liste commune PC / PS à Paris est un mauvais plan qui dépasse Paris de très loin. De là à partir en guerre… ce sera sans moi. ;o)

    Mais pourquoi tant de véhémence contre cette hypothèse de liste commune ? Il y a un point qui me semble ne pas ressortir suffisamment. C’est la détestation du PS et la détestation de la politique gouvernementale. Je remarque du reste que ceux qui hurlent le plus fort sont souvent d’anciens membres du PS.

    Il y a quelque chose qui relève de la psychologie dans cette fureur. Je serais tenté de rapprocher cet état d’esprit de celui des divorcés. Il y a tellement de déception, tellement de rancune, tellement de colère, que la raison n’a plus cours…

  3. Michel SZEWCZYK dit :

    Je ne comprends pas que » tu ne renouvelles pas ton adhésion », en clair que tu t’exprimes en tournant les talons. Tout cela parce que la ligne du PG ne te convient pas ou plus sur Paris ? Bon, c’est que tu n’étais pas loin de la porte, sans doute. Maintenant, en ce qui concerne ton argument principal « Avec tout le respect que je dois à mon camarade Alexis Corbière, d’où lui vient cette certitude qu’un tel événement mettrait KO le Front de Gauche pour six mois au moins ? ».
    De facto,1er. le PCF étant sur la liste PS ne peut se prévaloir de l’adoubement des 9 orgas qui composent le FdG, il ne peut donc pas disposer du logo FdG. La confusion sera au paroxysme car : 2ème Il y aura bel et bien une liste FdG au 1er tour face au PC/PS à l’initiative des 8 AUTRES orgas. Troisièmement, Pendant six mois, la campagne va être intense de part et d’autre Il ne peut t’échapper que la liste Front de Gauche va taper à bras raccourcis sur le gouvernement Solférinien (ANI, TSCG, Austérité, Retraites, acte 3 de la décentralisation et Métropolisation etc…) alors que le Parti Solférinien allié avec le PC ne pourra s’empêcher de défendre le bilan gouvernemental (certes, sans doute au minimum) car ça les plombe plut^t mais n’empêche. Dans ces conditions comment faire cohabiter l’Humain d’abord » du FdG et le Parti Communiste pendant toute cette période, tout au moins jusqu’au soir du 2ème tour ? Conviens en c’est impossible. De fait, si les communistes parisiens devaient choisir l’alliance avec le PS, ils se mettraient de facto en congé du FdG qui continuera sa course avec sa liste. Il ne s’agit en aucun d’une exclusion.
    Sur le deuxième argument à savoir l’exclusion des militants PG qui ne respectent pas la règle des villes de 20000 habitants et plus, je tiens à dire que l’exclusion fait partie des statuts de toutes les organisations. D’autre part, on ne peut demander de la rigueur et de la cohérence à nos camarades du PC à longueur de discours et nous nous abstenir de cette discipline. C’est ainsi que j’encourage vivement nos camarades de Dieppe à fusionner avec le PCF quel que soit le contentieux avec ce dernier ! Je remarque avec le sourire (après trente cinq d’années passées au PC) que les cris les plus horrifiés viennent des camarades du PC. Est ce à dire qu’ils souhaiteraient que des camarades PG franchissement le Rubicon de l’alliance avec les Sofériniens ? Cela reste une vraie question….

  4. amourfloraison dit :

    « Avec tout le respect que je dois à mon camarade Alexis Corbière, d’où lui vient cette certitude qu’un tel événement mettrait KO le Front de Gauche pour six mois au moins ? » Imagine juste 5 SECONDES, la une d’un journal le Monde avec marqué dessus: « le PCF quitte le Front de Gauche à Paris », à même pas six mois des municipales. Imagine que le PG soit amené à mener une concurrence féroce au PCF à Paris tout en menant des alliances avec le PCF en provinces. Cela n’est PAS possible. Le FDG ne peut pas avoir deux stratégies sinon cela veut dire qu’il n’en a pas. La bonne nouvelle, c’est que les militants communistes voteront pour l’autonomie.

  5. LN dit :

    je suis « BN » pas un moment j’ai porté une haine sur le PC même parisien. Le FDG est notre bien commun, partout où nous le pouvons, nous faisons des listes de Fdg, dans un second temps, nous les élargissons.à tout ceux qui le veulent les listes. ca se fait comme ça dans la plupart des villes de notre pays, la plus emblématique est Marseille, deuxième ville de France. Paris n’est pas n’importe quelle ville en France… C’est la capitale. Celui qui milite pour une alliance avec le PS est le président d la gauche Unie Européenne »… La Grèce, comme l’Espagne, comme l’Allemagne comme le Portugal comme…. se revendique comme autonome de la politique socialiste de leurs pays, c’est ce qui nous relie en Europe. Pierre Laurent n’est plus légitime à nous représenter en Europe. Il a le droit de choisir dans son parti ce qu’il croit être bon, il n’a pas le droit de poser dans la gauche européenne que nous devons nous aligner sur la social démocratie. Face à cette contradiction, Pierre Laurent, démissionne, nous avons une Europe alternative à construire.

    • Arthur dit :

      Hélène, tu remarqueras que le billet est dédié à mes camarades du PG qui gardent la tête froide. Il va sans dire que je t’y inclus, et je sais très bien comment tu travailles. Tu prends les dirigeants et militants communistes pour ce qu’ils sont : des gens avec qui tu n’es pas toujours d’accord mais avec qui tu as plus de points de convergence que de divergence.

      D’ailleurs, mon propos vise avant tout les directions « parisiennes » (et pas « nationales ») des partis, qui nuisent avant tout aux camarades qui, localement, travaillent intelligemment ensemble (à Aix, par exemple) !

      Pour ce qui est du cas particulier de Pierre Laurent, je pense qu’il faut se garder d’analyses hâtives. C’est avec toi que j’ai assisté début 2013 au congrès du PCF, qui marquait la victoire idéologique des partisans du Front de Gauche. Pierre Laurent était à l’époque un de ses artisans. Qu’est-ce qui a changé depuis ? La question de la sauvegarde de son poste de sénateur ne peut pas être négligée, mais on ne peut pas y voir l’unique raison. Je n’ai pas les réponses, mais dans ce genre de situations, on peut rarement rejeter toute la faute sur un seul interlocuteur. J’ai lu pas mal de griefs des camarades communistes à Paris envers leurs homologues parisiens, et je peux te dire que je cherche à en savoir plus. J’en parlerai dès que j’aurai des infos sûres.

      Il faut enfin faire très attention à se ménager une issue par le haut à cette crise. Le PCF sera très affaibli en cas d’abandon de notre projet du Front de Gauche, mais il y survivra. Je doute qu’une organisation telle que le PG puisse devenir autre chose qu’un NPA bis sans le PCF. Et ce raidissement a priori n’augure rien de bon.

      PS : tu m’invites quand à jouer à « Just Dance » sur la Wii ? 😉

  6. Claude dit :

    « Avec tout le respect que je dois à mon camarade Alexis Corbière, d’où lui vient cette certitude qu’un tel événement mettrait KO le Front de Gauche pour six mois au moins ? »
    Alexis Corbière a participé a une émission de Zemmour et Nalleau avec comme co-invité David Assouline (du PS) et il a déjà eu le droit a une question perfide de Nalleau sur le sujet : Comment pouvez vous espérer convaincre les électeurs si vous n’arrivez pas à convaincre Pierre Laurent ?
    Imagine ce type de question reposée ad nauseam pendant toute la campagne électorale.
    Imagine ce que sera la crédibilité des têtes de listes communistes du Front de Gauche ?
    Les socialistes auraient réussi un coup magistral, pour seulement 13 conseillers ils auraient flingué la cohésion du Front de Gauche !
    Alors que dans la plupart des villes, il y aura des listes Front de Gauche indépendantes, le seul fait d’une alliance avec le PS dans la capitale aurait un impact médiatique tout à fait délétère.

  7. Ariane Walter dit :

    Il y a au PG des militants tendance PC/PS. Tu en fais partie. Toute ton analyse en procède. Créez votre parti. Adhérer au PS. Vivez votre vie. En ce qui concerne le FDG, lié aux pattes par l’ancienne alliance PC/PS, merci Laurent et son invraisemblable trahison, il va s’en dégager. Il doit refonder le FDG. Tant de citoyens apolitiques pour la plupart, l’attendent. Mélenchon est un grand homme politique. Il ne vous convient oas? Laurent et Hollande seront sûrement mieux. Bon vent!

  8. Paris est très important. On ne peut pas être pour une sixième république et s’opposer au caractère autoritaire de la cinquième république, tout en faisant alliance avec le PS à Paris, comme si la critique contre la cinquième république et la concentration des pouvoirs à Paris n’était pas sérieuse.

    ll est clair que la seule façon pour une vraie gauche de se remettre rapidement de cet épisode, serait que les autres composantes du Front de gauche rompent avec le PCF.

  9. MICHEL GUENOT dit :

    J’aime l’humour d’Arthur, mais il a raison là…D’ailleurs sauf Ariane et les casseurs de l’union tout le monde a raison, c’est d’ailleurs pour çà que je titube (à force de faire le grand écart sans doute) c’est bien pour çà que je pense qu’il faut optimiser le programme, rien que le programme partout sur le net et les médias, ils veulent polémiquer le programme, combien connaisse le programme?? plutot que de s’attaquer aux uns et aux autres fussent-ils nos ennemis ? et encore moins nos camarades..  » demander le programme !  » et défendons le ..;

  10. Florian dit :

    En attendant le PCF consulte ses adhérents dans chaque ville, quel autre parti le fait ? dois-je lire entre les lignes que si les adhérents du PCF faisait le choix d’une liste avec le PS ils seraient méprisables ?

    Je suis d’accord sur le fait que paris est une ville symbolique, cependant le symbole d’une liste autonome va vite s’estomper des mémoires en cas de défaite, d’autant que nous nous allierons au 2nd tour avec ceux dont vous dites ne pas comprendre qu’on puissent les combattre nationalement et travailler avec eux au niveau local c’est d’une clareté limpide.

    Si nous sommes élus avec le PS et que nous sommes à l’origine de projets ambitieux qui améliore la vie des parisiens, ces victoires auront aussi un fort potentiel symbolique.
    Par ailleurs je pense que vous surestimé la part des abstentionnistes qui serait dégouté par une politique pas assez à gauche. La grande majorité des abstentionnistes n’accorde malheureusement aucune importance à la politique, ils s’en foutent.La bataille à mener est une bataille d’éveil des consciences, d’éducation populaire, nous ferions mieux de construire cela que d’essayé de détruire le parti socialiste.

    Aujourd’hui Jean-Luc se plaint du manque de communication, mais qui à annoncé avant toute discussion préalable qu’ils y aurait des listes autonomes dans toutes les villes de plus de 20 000 habitants.
    A sainte geneviève dans l’essonne Delapierre n’à pas discuté avec le PCF local avant d’annoncé sur france3 qu’il y aurait une liste front de gauche.
    A longpont et viry-chatillon, dont les maires sont au PG, allez vous faire des listes sans le ps ? car il me semble qu’ils sont membre de notre majorité dans ces villes.

    Ceci étant dit il y a plus de chose nous rapprochent que de choses qui nous divisent, au plaisir de militer ensemble sur le terrain.

    communiqué à votre adresse sur le site de la fédé de Paris :

    « Le débat qui traverse aujourd’hui les composantes du Front de gauche sur le rôle que doit jouer notre rassemblement lors des prochaines élections municipales doit être mené sereinement parce que le Front de gauche est notre bien le plus précieux.

    L’avenir du Front de gauche dépend bien plus de notre capacité à le rendre utile aux populations dans les municipalités, que d’éventuels choix d’alliances électorales différents de ses composantes.

    Pour les communistes parisiens, la volonté de développer le Front de gauche lors de ces échéances est indissociable de l’ambition de constituer une majorité municipale avec toutes les forces de gauche pour mettre en œuvre de nouvelles avancées pour les Parisiennes et les Parisiens.

    J’appelle nos camarades du Parti de gauche à mesurer aujourd’hui notre responsabilité commune pour l’avenir du Front de gauche, à respecter le choix que feront souverainement les communistes parisiens les 17, 18 et 19 octobre prochains et à poursuivre sans le dramatiser le débat qui pourrait en résulter. posté par Zamichiei Igor »

    Florian (31 ans, Essonne, membre du PCF ).

  11. Fanny dit :

    Allez, pour vous détendre un peu au FDG, une preuve que l’ami Mélenchon est un génie, il a inventé le mur Facebook dans les années 80 : http://www.lemouv.fr/diffusion-jean-luc-melenchon-j-ai-invente-le-mur-facebook

    Interview réalisée par un de mes anciens potes de fac, comme il en a de la chance d’avoir reçu les confidences du grand homme à l’écharpe rouge, qui se dit être « un fou de techno » !!!

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