J’aime le foot !

Pour Nathanaël, Jojo et Jean-Yves, pour papa surtout.

J’avais commencé à écrire un long billet sur le foot. Ça fait longtemps que j’ai envie d’en parler, lassé d’entendre dans la bouche de gens de gauche bien habillés qu’il s’agit là d’un sport de beaufs. J’étais lassé d’être rangé automatiquement au même niveau que quelques nazillons pollueurs de stades. Finalement, j’ai envie de te dire en quelques mots pourquoi j’aime le foot.

J’aime le foot parce que c’est un spectacle dont on ne connaît jamais l’issue à l’avance. C’est aller au théâtre sans savoir si on jouera une comédie, un vaudeville, ou une tragédie. On ne sait pas si on va rire, chanter ou pleurer.

J’aime le foot parce que, pour reprendre les mots de mon ami Nathanaël, c’est « un jeu magnifique aux allures de chorégraphie quand il est bien exécuté ».

J’aime le foot parce que c’est pour nous, supporters, l’exutoire sans conséquences d’une mauvaise foi absolue. On défend ses couleurs par principe. Si notre joueur tombe, il y a « péno », et peu importe s’il s’est laissé tomber. Si notre adversaire marque, il y a hors jeu, et tant pis si le buteur a reçu le ballon par une touche d’un coéquipier. La vérité importe peu, l’amour de notre club est un dogme d’autant mieux assumé qu’il est sans véritable enjeu.

J’aime le foot parce qu’il y a plus d’intelligence dans les propos de Joey Barton ou de Vikash Dhorasoo que dans ceux de Gérard Depardieu ou Fabrice Lucchini, même si tant de gens diffusent le cliché qu’un bon acteur est forcément un intellectuel et qu’un footballeur est forcément une tête pleine d’eau.

J’aime le foot parce que pour quelques barbares fascistes, comme l’inénarrable Paolo Di Canio, combien d’hommes montrent dans les stades leur générosité ? J’ai salué hier « l’hommage » des supporters de Liverpool à Thatcher, je pourrai aussi bien évoquer la belle banderole déployée il y a quelques jours par les supporters Bordelais du « Virage Sud », ou encore les « South Winners », supporters Marseillais à l’Histoire chargée du combat antifasciste.

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Des beaufs ? Vraiment ?

J’aime le foot parce que les footballeurs sont des prolétaires. Ceux qui conspuent les footballeurs-mercenaires ignorent tout de ce qu’est la carrière d’un footballeur. Les riches Zidane, Beckham ou Henry sont les cache-sexe d’une activité dont les principaux acteurs sont plus souvent victimes que coupables. Pour beaucoup d’enfants nés dans la pauvreté (pour ne pas parler d’indigence), devenir footballeur est un moyen de s’en sortir. Alors comme dans toute activité capitaliste, les rapaces guettent. Ils organisent des « filières » de recrutement qui n’ont rien à envier à la traite négrière, établissent la culture du dopage à grande échelle, parce qu’il faut être performant. Peu importe les conséquences sur la santé, qui défendra les footballeurs ?

J’aime le foot parce que si je suis conscient de la récupération économique et politique de ce sport par les actionnaires, j’ai de la compassion pour ces gladiateurs des temps modernes à qui l’on promet richesse et gloire, alors que celles-ci sont en fait réservées à une minorité. Les autres connaîtront l’épuisement, la déception, et une carrière courte qui laisse en guise de récompense un corps meurtri.

Pour comprendre, enfin, pourquoi j’aime le foot, il faut avoir chanté avec moi « La Lensoise » au Stade Bollaert.

Bonus musical : La Lensoise au Stade Bollaert.

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6 réflexions sur “J’aime le foot !

  1. Vincent Buyle dit :

    tu aurais également pu mettre la vidéo des supporters de Liverpool à la mort de Thatcher ! http://www.youtube.com/watch?v=37Cmzvt549Y un grand moment

  2. et encore si tu connaissais les véritables équipes de foot … allez, va pour te mettre sur la piste, il s’agit du plus grand monde du monde, ils sont en blanc et il s’agit du seul club qui ai défendu les couleurs de la II république.

  3. […] Voilà bien ce qui arrive lorsque l’on excite à la haine de l’autre. Laurent Wauquiez peut condamner les violences homophobes ce matin chez Bourdin. Il en est responsable au même titre que la Boutin ou la recalée du Caveau de la République, qui y aurait pourtant bien sa place. Dans ce climat, il faut pourtant saluer la belle résistance que la rue offre aux fascistes, que ce soient les étudiants de Sciences-po Paris, mercredi 17 avril ou encore la belle banderole du virage Sud des supporters des Girondins de Bordeaux, comme l’a rappelé hier mon ami Arthur Fontel. […]

  4. Ton article remet les choses en perspective, même si je te trouve un peu complaisant.
    J’ai souvent entendu dans des stades de D1, D2 ou D3, des racistes s’exprimer autant librement. Sur la pelouse, il m’est arrivé de croiser même en corpo des équipes d’abrutis qui tentaient d’intimider l’équipe adverse et l’arbitre.

    Mais le foot, c’est aussi l’amitié, la passion du jeu, la solidarité, le bénévolat complètement désintéressé pour jouer dans des stades pourris en stabilisé après une journée de boulot…

    Je me souviens de Rocheteau en Argentine 78 qui critiquait le régime fasciste. De l’équipe de France des années 78 à 86 et d’une certaine idée du beau jeu…

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